Réaction de Michèle Rivasi, députée européenne Vice présidente du groupe des Verts/ALE au Parlement européen.
Après l’affaire de la vache folle, mais aussi plus récemment d’Escherichia coli, se retrouve-t-on face à un nouveau dysfonctionnement agroalimentaire européen d’ampleur avec l’affaire de la viande de cheval remplaçant la viande de bœuf dans les produits surgelés ?
« Il y a là sans aucun doute une vaste tromperie volontaire, et donc criminelle, au détriment du consommateur qui ne sait plus ce qu’il a dans son assiette. La viande de cheval, beaucoup moins chère en Roumanie qu’en France, a été utilisée dans des produits de grande consommation afin de faire des économies, le tout dans l’absence la plus totale de transparence. La situation est invraisemblable et incompréhensible : les différents maillons de la chaîne d’approvisionnement rejettent chacun la faute sur les autres et la viande apparaît au centre d’un business ressemblant fortement à la spéculation financière.
Au-delà des problèmes générés par un excès de sous-traitance (1) et au-delà de la nécessité de raccourcir les circuits d’approvisionnement pour éviter ce genre de surprise désagréable, se pose la question des risques sanitaires. En effet, il apparaît vraisemblable que ces chevaux roumains aient été porteurs du virus du Sida du cheval. Ont-t-ils été traités au phénylbutazone, un médicament vétérinaire anti-inflammatoire fréquemment utilisé dans l’élevage équin qui présente un risque pour la santé humaine ? Toute la lumière doit être faite sur cette affaire et les Etats-membres de l’UE doivent coopérer de manière exemplaire. »
En mai 2010, grâce à la mobilisation des écologistes, le Parlement européen avait rejeté une proposition de la Commission européenne autorisant l’utilisation de la thrombine bovine/porcine, un additif alimentaire utilisé comme colle pour agglomérer des morceaux de viande issus de différents animaux. « Avec la thrombine, l’industrie agroalimentaire voulait accroître ses marges en agglomérant des bouts de viande impossibles à vendre autrement, et trompait ainsi le consommateur sur la qualité du produit de manière délibérée. C’est aujourd’hui exactement la même logique, on se moque éperdument de la transparence et du respect des consommateurs. Les industriels bénéficient d’une trop grande marge de manœuvre et de confiance, c’est pourquoi il faut affiner le système de contrôle pour que l’histoire cesse de se répéter », résume Michèle Rivasi.
Et l’eurodéputée de conclure : « Quand je vois que l’UE impose aujourd’hui aux éleveurs le puçage électronique (Rfid) de leur bétail, je me demande à quoi peuvent bien servir de telles usines à gaz réglementaires, aussi coûteuses que contraignantes. Une seule solution pour s’assurer de la qualité des produits apparaît : rapprocher le producteur du consommateur, manger local en privilégiant les circuits courts ».
(1) ce nouveau scandale alimentaire implique des intermédiaires de six nationalités différentes : le groupe Findus (basé en Suède) sous-traitait en effet la fabrication des plats à l’usine luxembourgeoise de Tavola, filiale de Comigel (implanté à Metz), fourni par l’importateur Spanghero (installé à Castelnaudary), qui « a acquis la viande surgelée auprès d’un trader chypriote, qui avait sous-traité la commande à un trader situé aux Pays-Bas, ce dernier s’étant fourni auprès d’un abattoir et d’un atelier de découpe situés en Roumanie », expliquait samedi un communiqué de Benoît Hamon, le ministre délégué à la Consommation.