Dans un communiqué intitulé « Sidérurgie européenne : les scandaleuses recommandations de la Commission européenne! » Yannick Jadot et deux de ses collègues députés européens s’élèvent contre ce qui se profile à l’horizon dans le dossier Mittal.
« Alors qu’une réunion des Ministres européens de l’industrie concernés par la crise de la sidérurgie doit se tenir le 12 février prochain à Bruxelles en présence du commissaire européen à l’industrie, Antonio Tajani, des députés écologistes dénoncent les conclusions qui pourraient en sortir au regard du texte provisoire qu’ils ont pu se procurer et qui est joint à ce communiqué.
« Pour Yannick Jadot, Philippe Lamberts et Claude Turmes, respectivement députés français, belge et luxembourgeois membres de la Commission de l’industrie et de l’énergie du Parlement européen: « Il est sidérant de voir Mittal faire les gros titres dans la presse en expliquant que si les comptes de l’entreprise sont dans le rouge c’est en raison du manque de compétitivité de ses usines européennes, du coût du travail et de l’énergie ainsi que du carcan de la politique climatique européenne. En réalité, les priorités stratégiques définies par le groupe font peu de place à l’avenir de la sidérurgie européenne et à l’emploi ! Au contraire, la politique d’ArcelorMittal c’est d’investir dans les secteurs les plus immédiatement rentables, d’obtenir le maximum de subventions publiques et d’exemptions fiscales en mettant les pays européens en concurrence et de s’affranchir de toutes obligations concernant les normes environnementales et sociales.
« Les salariés d’ArcelorMittal ont convergé ce 6 février dernier de différents pays vers le Parlement européen à Strasbourg et ont lancé un appel à l’Union européenne pour stopper la restructuration violente de la sidérurgie engagée par ArcelorMittal. Comme nous, ils ont compris que seule une réponse européenne peut arrêter la mise en concurrence des sites et des Etats par Mittal. Comme les écologistes ils considèrent aujourd’hui que la sidérurgie doit construire son avenir et sa compétitivité sur la durabilité, l’innovation, la sobriété carbone et les secteurs où la demande d’acier à forte valeur ajoutée va augmenter. Le développement de l’éolien et des produits technologiquement innovants comme les tôles d’acier intégrant le photovoltaïque pour l’automobile ou les constructions métalliques sont des solutions qui donnent des perspectives de long terme à notre industrie sidérurgique.
« Nous sommes consternés car la réponse portée par le commissaire Tajani va dans le sens opposé. Elle valide la stratégie de Mittal : faciliter le racket des fonds européens sans contrepartie, casser les politiques d’innovation et de modernisation, organiser les dérèglementations sociales, environnementales et fiscales pour satisfaire l’appétit financier du groupe. Lakshmi Mittal n’aurait pas écrit d’autres recommandations ! En fait, le commissaire Tajani instrumentalise la crise de la sidérurgie pour tenter de porter un nouveau coup à la politique climatique de l’Union dont pourtant Mittal est un scandaleux bénéficiaire ».
« Et les députés européens d’ajouter : « Nous demandons que les chefs d’Etats des pays concernés prennent leur responsabilité pour la pérennisation de la sidérurgie européenne. Il faut qu’un moratoire sur la fermeture des sites soit acté. Avec le Parlement européen, la Commission européenne doit redéfinir une nouvelle stratégie fondée sur la transition écologique. Dès le 12 février, les ministres européens de l’Industrie présents à Bruxelles doivent sortir du cercle vicieux imposé par Mittal et enfin proposer des solutions à la hauteur des enjeux sociaux, énergétiques et industriels du 21ème siècle pour sortir de la crise ».